Depuis quelques années, j’accompagne les équipes et les organisations vers le pilotage de projets dans des contextes incertains et complexes, en tant que coach agile.
C’est ainsi que je me suis lancé, il y a 4 ans, dans l’écriture d’un livre sur le Kanban, une des méthodes pour piloter et optimiser un flux de travail. Ça n’a pas l’air sexy comme cela, mais c’est sympa en fait :o)
En janvier, avec cette fois les idées claires du sommaire, du contenu, et des early adopters, j’ai passé pas mal de temps à supprimer des passages, même des chapitres pour simplifier au maximum le livre. J’ai du enlever une centaine de pages.
Travail loin d’être naturel mais salutaire pour aller à l’essentiel, ne pas perdre les lecteurs. Pour des produits logiciels, cela s’appelle Kill a feature, enlever des fonctionnalités existantes du MVP pour entendre les utilisateurs râler et trouver les quelques vrais features qu’il faut garder.
En parallèle des conférences, j’écrivais mon livre. Dès qu’un chapitre était prêt, je l’envoyais aux personnes de la liste de diffusion ayant acceptées d’être relecteur. Ils étaient en générale une douzaine par chapitre. C’est le principe du MVP fonctionnalité unique.
Bon, recevoir des retours négatifs ça ne fait pas toujours plaisir, mais ils étaient pertinents la plupart du temps. Certains retours étaient même assez impactant. Je les prenais presque tous en compte.
C’était dur car je n’étais pas très fier des premiers résultats. Mais cela a été bénéfique et m’a permis d’éviter de m’enfermer sur un parti pris trop fort.
J’ai donc adopté une approche itérative et incrémentale pour avoir des retours très tôt, dès le premier chapitre. C’est un des principes de l’agilité sur lequel s’appuie le Lean Startup.
Évidemment tout au long de ce projet, j’ai continué à poster des sujets sur mon blog pour faire croître la communauté des gens intéressés par le Kanban, les earlyadopters, et d’en diffuser le principe.
J’aurais pu rester invisible le temps de l’écriture pour bénéficier d’un effet de surprise à sa sortie ou pour ne pas être pris de vitesse sur la sortie d’un livre concurrent. J’ai préféré au contraire être visible tout de suite pour construire ce livre avec des earlyvangelists.
Cerise sur le gâteau, cela m’a permis d’être mis en contact avec mon futur éditeur, Dunod, une référence dans mon domaine, sans avoir à démarcher qui que ce soit.
J’ai commencé à écrire le livre sans me soucier 5 minutes de cette partie d’édition. Je me suis focalisé sur l’adéquation du problème / solution d’abord. Le reste a suivi.
Février fut le temps des A/R avec l’éditeur pour écrire en français sans faute d’orthographes et dans un style un peu plus relevé que mon style d’ingénieur. Ça n’a pas été la partie la plus fun…
Avant la publication (la finalisation de la publication prend plusieurs mois, côté éditeur…), j’ai continué les conférences avec ma session « Tour d’horizon », pour faire du teasing avant la sortie du livre. J’ai filmé deux des conférences Kanban pour la mettre en ligne sur YouTube. Elles ont aujourd’hui plus de 5000 vues. J’ai mis en ligne mes supports sur slideshare, avec plus de 6000 vues également. Je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt finalement.
J’ai également publié sur mon blog le roman qui illustre le livre, en 16 épisodes, et agrémente la lecture du livre. Pour la petite histoire, l’éditeur n’était pas chaud à cette idée de roman, il s’est avéré que c’était un des points forts du livre :o).
Pour finir, j’ai fait de la pub pour que les gens fassent une précommande du livre sur Amazon. Ça a plutôt bien marché. Amazon met bien en avant les livres ayant des pré-commandes. Peut être trop car Amazon était en rupture de stock le premier mois après la publication, certains acheteurs râlaient un peu.
Bien que le sujet soit clairement un sujet de niche, le livre se vend bien et régulièrement depuis sa sortie, à de bonnes critiques. J’ai même du écrire une deuxième édition deux an après.
J’ai écrit d’abord ce livre pour ceux qui, comme moi, souhaitaient avoir une démarche de mise en place de la méthode. Des connaisseurs plutôt. Le livre était un peu âpre et assez pointu sur certains points, un peu compliqué pour ceux qui découvraient. Je visais naturellement la cible des earlyadopters du Kanban.
Pour la deuxième édition, j’ai changé de cible car le marché avait évolué. Doucement, il progresse vers l’early majority. Des experts, on passait aux utilisateurs éclairés. J’ai adapté le contenu du livre pour cette nouvelle cible. Voilà ce que j’en dis dans mon blog avant sa publication :
Le kanban se diffuse et prend de l’ampleur en France. Il s’agit maintenant d’adresser une population grandissante n’ayant pas le même niveau de connaissance sur ce sujet et avec des objectifs plus pragmatiques, avec une posture d’utilisateur plus que de concepteur.
De mon point de vue, un des facteurs clé de succès a été de faire des MVP adaptés pour valider mes différentes hypothèses :
De mon point de vue, un des facteurs clé de succès a été de faire des MVP adaptés pour valider mes différentes hypothèses :
Mais également l’identification des clients et le focus
Si j’avais les principes du Lean startup à cette époque, je n’en avais pas les outils. J’aurais pu aller plus loin dans une démarche analytique avec des tests AB sur différents points : titre, sous-titre, qui est la proposition de valeur du livre, les phrases d’accroche…
Mon approche Lean startup n’était pas toujours aussi réfléchie que ce retour d’expérience semble montrer.
Elle se faisait aussi à l’instinct. C’est pour cela je pense que l’état d’esprit que l’on adopte est plus important que tout. Pour prendre les bonnes décisions.
C’est ce que l’on vous propose et sur quoi on insiste avec la School du Shift.